lundi 20 octobre 2014

Les Français handicapés dans les cuves à pétrole ? (Suite)


Comme je le craignais dans ce précédent billet, le site de Chercq (la ville où certains n’ont plus de pétrole mais encore des idées) n’a pas encore été dépollué.
 
Voir cet article en photo. Ne vous arrêtez pas au titre, qui dit : « Un dépôt pétrolier reconverti – Chercq : Dépollué, le site accueillera un centre pour personnes handicapées ».
 




Eh oui, en fait le titre veut dire, comme on  peut le lire si on prend la peine de lire l’article en entier : « Lorsqu’il sera dépollué, le site accueillera un centre pour personnes handicapées ».

 En effet, il est écrit que dans la cuve où il y a déjà des bureaux, on procèderait à un aménagement pour une vingtaine de lits, l’aménagement d’un bâtiment supplémentaire pour une autre vingtaine de personnes devant s’effectuer quand les sols seraient dépollués. Tout cela peut sembler hypothétique. Pourquoi ne pas dépolluer avant le 1er aménagement ? Qui fera respecter cette promesse, vu que nombre d'administrations seront tentées de se renvoyer la balle quant à leur responsabilité respective ?
 
Vous apprendrez aussi dans cet article que la 1ère société, Cluster Building Belgium, qui avait installé des bureaux dans une cuve  a fait faillite. (C’était d’ailleurs déjà écrit dans le 1er article).
 
En cherchant un peu sur le net, vous trouverez cet article intéressant à propos de ce 1er entrepreneur, devenu fantôme… (Attention, le nom de la société comporte une faute, mais c’est bien la même : Cluster Builder Belgium ici, d’ailleurs si vous observez mieux le panneau de la photo que le rédacteur de l’article vous corrigerez de vous-même).
 
Bref, facile de deviner pourquoi ce monsieur n’avait pas dépollué les sols pour installer des bureaux… Il est un peu léger, quand même !!!
 
Depuis la faillite, ce site a continué à susciter bien des intérêts, par exemple ceux de celui qui semblerait un sympathique pied-nickelé ? On en a l’impression en lisant son portrait ici.
 
C’était ce monsieur qui voulait en faire un site médical (après avoir pensé à  en faire un site dédié aux métiers de la construction selon l’article du portrait).
 
Voir ce projet sur son site. L’image de pied nickelé en prend un sacré coup, les dents de la mer du pétrole remonteraient-elles à la surface ?
*Oh oh… depuis le lendemain de mes visites sur cette page, le site est en construction…
 
Naïf tout de même le Monsieur, car s’il croyait que des médecins allaient se laisser tenter pour venir travailler là… avec tous les risques pour leur santé et celle de leurs patients !!!
 
Enfin maintenant ce projet a été depuis abandonné. Aujourd’hui il est question de transformer le site en un home pour personnes handicapées. Je ne sais pas si notre pied nickelé est toujours là (cela n’a pas l’air d’être), mais il y a, toujours selon le 1er article de l’avenir, d’autres intervenants :
 
  • La société Otraa  (d’investisseurs et promoteurs français et tournaisiens, inconnue dans le monde du handicap),
  • La SPRL Markostyl (Société de construction avec à sa tête des associés polonais)
  • La SPRL Sofidim (dont le responsable est aussi gérant d’Otraa)…
 
 C’est la discrète ASBL « Luminence Wapi » qui gèrera les lieux. Elle gère déjà un établissement exclusivement réservé aux Français. Un des membres fondateurs de cette ASBL gère aussi la SPRL « Cabinet infirmier du Pays Vert », spécialisée dans la  dispense de soins infirmiers et l’activité de résidence communautaire. On n’est jamais si bien servi que par soi-même…
 
Je suis allée ce lundi à l’hôtel de ville de Tournai consulter le dossier et porter réclamation, au nom de la délégation Belgique d’Autisme France.
 
Voici le résultat :
 
Le lundi 20 octobre 2014, jour de clôture de l’enquête sur la demande de permis d’urbanisme ayant trait à un terrain sis à Tournai (Chercq). J’ai consulté le dossier au service de l’urbanisme à l’hôtel de ville de Tournai le matin même.
 
Ce terrain est actuellement un ancien site industriel désaffecté (anciennes cuves à pétrole), et le projet est de le réhabiliter en tant que centre pour personnes handicapées (en très grande majorité françaises si pas exclusivement). Une cuve, déjà aménagée par un précédent propriétaire en bureaux et appartements privés serait réaménagée en résidence de 20 lits, l’autre cuve serait démantelée et un bâtiment serait construit à la place.
 
Les réclamations que j’ai introduites au nom de la Délégation Belgique d’Autisme France portent notamment sur :

1)    Absence de dépollution de terrain : une étude de dépollution réalisée par MC3E aurait été déposée au DPS (Direction Protection des Sols) du SPW (Service Public de Wallonie) de Namur, mais ni cette étude ni preuve de dépôt ne sont joints au dossier du service de l’urbanisme. Je demande aussi comment cela se fait-il que l’aménagement de la cuve soit prévu avant la dépollution, selon l’article paru dans « Le Soir ».
 
2)    Risque karstique : Dans le dossier, il est stipulé que le risque karstique ne peut être écarté.
 
3)    Interrogations supplémentaires : L’aménagement de la cuve en résidence de 20 lits (celle qui est déjà aménagée en bureaux et appartements privés) : l’isolation est-elle satisfaisante ?
 
4)    Demande orale : l’autorisation du service incendie. Dans le dossier, il est marqué qu’elle a été obtenue sur plan.
 
Comme nous étions le jour de la clôture, le demandeur (la société Otraa représenté par Monsieur Dierick) et son architecte étaient présents. Ils ont pu répondre à mes questions, ainsi que le collège communal. Voici ces réponses :
 
1)    Dépollution de terrain : La rédaction du plan d’assainissement est en cours et sera achevée dans les 3 semaines. Des carottages ont été effectués sur tout le terrain, par l’entreprise indépendante MC3E. Il s’avère que seule une parcelle éloignée du bâtiment est polluée. Des analyses sont en cours pour déterminer quelle procédure de dépollution sera mise en œuvre : enlèvement de terre, remplacement, traitement sur place… cela dépendra de la pollution. La procédure administrative suit son cours depuis des mois et sera bientôt achevée. Les dossiers seront envoyés au collège communal et à la Délégation Belgique d’Autisme France. Le coût de cette dépollution devrait tourner aux alentours de 100 000 euros, donc une somme possible à investir pour Otraa. Le collège communal n’accordera le permis qu’à condition d’être sûr ce que problème soit résolu.
 
2)    Risque karstique : Le collège communal m’explique que toute la région est susceptible de connaître des effondrements, donc tout permis d’urbanisme est assorti automatiquement de la phrase « le risque karstique ne peut être écarté ».
 
3)    Interrogations supplémentaires : Selon M. Dierick et son architecte, le propriétaire précédent, qui avait aménagé dans le bâtiment ses bureaux et ses appartements privés, avait eu recours à une très bonne isolation. (Je demanderai donc plus tard si je peux rendre une visite de politesse au cœur de l’hiver et au chaud de l’été…)

4)    Demande orale : l’autorisation du service incendie. Dans le dossier, il est marqué qu’elle a été obtenue sur plan. Dénégation de M. Dierick, de l’architecte et du collège communal. Dommage, ils n’ont pas bien lu leur dossier… Néanmoins, l’architecte m’explique qu’il est prévu de faire tout comme cela est demandé : portes incendies, etc. L’autorisation devrait donc être à nouveau demandée sur des aménagements concrets. Petite parenthèse : ceci est aussi un critère indispensable pour l’APC (Autorisation de Prise en Charge) de l’AWIPH (Agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées).

Une autre réclamation, introduite par un voisin, traitait d’un problème de parking, dont la capacité ne serait pas assez grande. Il s’agirait, selon M. Dierick et son architecte, d’une confusion entre le nombre de résidents (40) et le nombre d’employés (10), les véhicules amenant les résidents n’ayant pas vocation à rester. Par ailleurs, toujours selon le voisin, le nombre de résidents prévus n’est pas déterminé.
 
Je m’étonne et demande combien de résidents sont prévus en tout. Je n’ai pas obtenu de réponse. L’AWIPH doit donc revoir son Autorisation de Prise en Charge, à mon avis, car 10 employés pour au moins 40 personnes, c’est très, très loin des normes minimum…
 
Toujours selon la réclamation du voisin :
 
ü  Mobilité dangereuse étant donné la configuration des lieux et du parking prévu (d’autant plus que certains résidents sont susceptibles d’arriver en bus d’autres centres, selon M. Dierick lui-même) ;
ü  Absence de clôtures, ce qui peut être dangereux pour les personnes, d’autant plus qu’on ne sait pas quel type de handicap aura la population accueillie. (Risque de fugue). Le voisin se plaint aussi du manque d’informations.
ü 
 
À toutes ces réclamations, la Société Otraa devra apporter réponse.
 
Affaire à suivre, donc… Je suivrai.
 
 
 
 

Aucun commentaire: