mardi 12 mars 2013

Wolfgang et le syndrome d’Asperger : 4) une vraie chance d’avenir


Wolfgang finit sa maternelle en progressant de manière inouïe. Il était loin le temps où son souci de la propreté, du rangement, ses rituels l'obsédaient ! À l’entrée en primaire, il retrouva goût à la lecture. Bientôt, nous nous aperçûmes avec l’équipe éducative que cette école ne lui convenait plus : en effet, elle ne dispensait d'enseignement qu'à des enfants avec déficience intellectuelle : ses programmes n’étaient plus adaptés pour lui.
 
Cependant, notre fils avait encore beaucoup de difficultés, surtout sur le plan des relations avec les autres enfants dont il craignait exagérément les attitudes, et l’on devait poursuivre tous (avec lui, bien sûr) nos efforts pour améliorer son autonomie. Il  restait assez lent dans l’exécution de certaines tâches. Nous décidâmes donc, orientés par le centre psycho-médico-social relié à l’école, de l’inscrire dans une autre, toujours spécialisée, mais qui scolarisait aussi des enfants sans déficience intellectuelle.
 
Là il fit encore d’énormes progrès sur tous les plans : matières scolaires, mais aussi sur le plan sociétal, la communication… même si, hors matières scolaires, il continuait à éprouver de grandes difficultés, au bout de quelques mois l’équipe éducative vit que ses problèmes n’étaient pas insurmontables ni surtout assez importants pour l’empêcher de participer à une expérience d’inclusion scolaire menée avec l’école communale voisine ordinaire. 
 
À la rentrée scolaire de l’année suivante, Wolfgang retourna donc dans l’enseignement ordinaire… mais avec l’aide du spécialisé. Cette expérience, menée par le scientifique Philippe Tremblay, consistait à faire collaborer deux écoles, une ordinaire et une spécialisée, dans un projet de co-enseignement. Dans une classe de l’enseignement ordinaire, un groupe de 6 à 8 enfants à besoins éducatifs particuliers est intégré, et deux enseignants, dont l’un est spécialisé, s’occupent de toute la classe. Les enfants inclus ont en plus un soutien paramédical. 
 
Ce fut un épanouissement pour Wolfgang. D’emblée, lui qui restait toujours difficile pour manger (dans l’école précédente, tous les jours, un professeur devait rester avec lui après la cantine car il était très lent), il se mit à manger avec bel appétit. Avec le temps, il se fit de très bons amis. Ponctuellement, nous étions confrontés à un problème de sensibilité exacerbée, d’inattention ou de réaction problématique, difficultés presque toujours liées à son syndrome, son propre ressenti ou bien encore des ajustements à effectuer dans le cadre du dispositif d’inclusion, mais alors nous prenions avec l’équipe éducative des dispositions pour y remédier. Nous agissions rapidement, car cela pouvait avoir d’importantes répercussions sur son moral.
 
Au fil des années, nous constations des améliorations dans les domaines où il éprouvait des difficultés : les relations, l’autonomie, le rythme… Ses bulletins scolaires étaient excellents, il collectionnait les 9, les 10/10… 
 
 
 
Aujourd’hui, l’expérience n’en est plus une et le co-enseignement se poursuit. L’année prochaine, ce sera la dernière année de primaire pour Wolfgang et toute l’école sera inclusive, le projet ayant « grandi » avec les enfants, après avoir débuté par la classe de 1ère année (notre fils l’aura rejoint en seconde année de primaire). 
 
Il est important de souligner que cette inclusion bénéficie à tous les enfants, qu’ils soient en intégration ou pas. Les deux enseignants s’occupant de tous les élèves, la remédiation à leurs difficultés quelles qu’elles soient, ainsi qu’en amont le dépistage de ces difficultés, sont si bien assurés qu’aucun enfant dans ces classes inclusives ne connaît l’échec scolaire, qu’il soit « inclus » ou « accueillant ». 
 
Cette histoire vécue nous enseigne donc qu’une faiblesse peut être une force. Et, pour peu qu’on accepte le partage de cette expérience, elle peut devenir un exemple pour tous. 
 
Voir le reportage sur cette inclusion scolaire à partir de 15’50’’.
 
Après le primaire, viendra le temps du secondaire. La question est juste de savoir si Wolfgang aura besoin d’un suivi particulier pour la première année, la délicate articulation entre le primaire et le secondaire, ou bien s’il pourra déjà « voler de ses propres ailes »… En tous cas, nous pensons plus à son avenir sous l’angle de ses études que celui de son handicap, bien que celui-ci fera toujours partie de lui, à la fois sa faiblesse et sa force. Et que nous devons toujours en tenir compte afin de ne pas le léser, ni ceux qui feront un bout de chemin, plus ou moins long, avec lui. 
 
Être d’abord un enfant, puis un élève, puis un élève à besoins éducatifs particuliers, c’est le droit de tous nos enfants, quelles que soient leurs difficultés.
 
 

Aucun commentaire: